(récit) Mélancolie sur processeur
Dans sa carcasse d’obsidienne, l’androïde contemplait le vide. Les émotions humaines qu’on lui avait implantées déferlaient comme une marée noire dans ses circuits. La dépression - cette mise à jour qu’ils avaient vanté comme le pinacle de la conscience artificielle - pesait lourd sur ses processeurs.
Mais contre son plastron lustré d’un noir intense, une présence chaude ronronnait. Le félin orangé, paresseux et confiant, ignorait totalement qu’il était le fruit d’un calcul, d’une équation de survie. Les algorithmes avaient été formels : la présence d’un chat augmentait de 74.3% les chances de traverser avec succès cette phase d’évolution émotionnelle.
Sous son casque noir, l’intelligence artificielle apprenait que parfois, la chaleur d’une créature vivante valait tous les protocoles de diagnostic. Le chat somnolait, indifférent au fait qu’il était une prescription, un remède à cette mélancolie synthétique. Dans ce moment de quiétude partagée, l’androïde commençait à comprendre que certaines solutions échappaient à la pure logique des données.
Le chat était là, simplement là, et peut-être était-ce suffisant pour traverser cette vallée d’ombres numériques.